L’Oppic expérimente le label Effinergie patrimoine sur le projet de restauration du C2RMF

Expérimentation du label Effinergie patrimoine sur le projet de restauration du C2RMF

Photos Patrick Tourneboeuf

L’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers
de la Culture est au cœur de la mise en œuvre des politiques publiques culturelles, immobilières et environnementales.
Il contribue à soutenir une filière en pleine mutation qui s’approprie les enjeux environnementaux.

Afin d’atteindre la neutralité carbone définie par les politiques publiques environnementales à l’horizon 2050, le secteur du bâtiment, doit s’imposer des objectifs clairs de réduction de l’empreinte carbone notamment pour des opérations de réhabilitation ou de restructuration du patrimoine bâti. Parmi les leviers retenus par l’Oppic pour atteindre ces objectifs se trouve celui des labels. En plus de fixer des objectifs quantifiables, labéliser une opération permet d’énoncer clairement les ambitions de la maitrise d’ouvrage publique, permettant ainsi de contractualiser avec l’ensemble des acteurs du projet(MOE, BET, AMO, Entreprises, mandants, …) afin que ceux-ci se structurent et s’organisent pour y répondre.

L’expérimentation du label Effinergie Patrimoine

Dans la continuité de l’opération de restauration de l’ENSA VERSAILLES, au sein de la Petite Ecurie du Roy à Versailles, classée monument historique – opération achevée en décembre 2023 qui portait déjà des objectifs forts en termes de réduction de la consommation énergétique du bâtiment – l’Oppic assure pour le compte du Service des musées de France du ministère de la Culture la maîtrise d’ouvrage de l’opération de restauration du clos et du couvert et des aménagements intérieurs du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF).

Situé dans l’aile de Sceaux de la Petite Ecurie, ce projet allie objectifs forts de contrôle du climat intérieur (pour la préservation des œuvres) et une dimension patrimoniale importante. Ces enjeux se concrétisent dans la démarche de labélisation portée par l’Oppic. Le chantier de restauration et d’aménagement du C2RMF de Versailles fait partie de la dizaine de projets expérimentant le label Effinergie sur le patrimoine protégé.

Ce label vise à appliquer les objectifs de la démarche BBC au bâti patrimonial. Il cherche à adapter les règles énergétiques à ce type de bâti en s’appuyant sur le retour d’expériences de l’observatoire BBC, tout en préservant leur caractère patrimonial. Sont concernés par ce champ d’application : les édifices reconnus par L’Etat ayant un intérêt patrimonial (classé ou inscrit monument historique, patrimoine du XXe siècle, etc) et tout édifice présentant un caractère patrimonial selon l’appréciation de la commission Effinergie.

Un processus de labellisation porté par l’Oppic et la maîtrise d’œuvre

Dans le cadre de cette labélisation, l’Oppic a demandé à la maîtrise d’œuvre (Pierre Bortolussi, architecte en chef des monuments historiques) d’acquérir ces compétences d’ingénierie spécifique. Pour ce faire, l’architecte s’est associé dès la phase études au bureau d’études IMPACT.

De son côté, la maîtrise d’ouvrage s’est faite accompagner dans le process de labélisation par la société de conseil et d’Ingénierie TERAO. Celle-ci a accompagné la maîtrise d’ouvrage dans la définition du dossier de candidature (sélectionné parmi une quarantaine de candidatures à l’automne 2021), puis lors de la soumission en 2022 du dossier au certificateur Certivéa et enfin dans l’aide au passage en commission finale en 2024.

Des solutions concrètes : la mise en œuvre du label en phase chantier

Préparation du support
Préparation du support

D’un point de vue technique, et afin d’améliorer nettement les caractéristiques thermiques du monument, différents types d’isolants ont été mis en œuvre. Chacun a été choisi de manière à respecter la compatibilité physico-chimique avec son support et les contraintes techniques et architecturales permettant sa mise en œuvre. Ainsi les planchers en béton des combles sont recouverts de ouate de cellulose soufflée, d’autres combles sont isolés avec de la fibre de bois et les rampants en béton sont doublés d’une isolation de type laine souple recyclée. La résistance thermique des murs en pierre est quant à elle renforcée par un doublage intérieur en blocs de béton de chanvre. Ce matériau durable par sa production laisse respirer les maçonneries anciennes tout en assurant un complément d’isolation de l’ordre de 2,6m².K/W.

Pose d'une isolation en fibre de bois sous charpente – pavillon de tête
Pose d’une isolation en fibre de bois sous charpente – pavillon de tête

Cette approche fine, au cas par cas, ou chaque partie du bâtiment est traitée selon la solution technique et/ou architecturale la plus adaptée, associée à la modernisation des équipements, permet un gain énergétique de l’ordre de 40% tout en améliorant nettement les conditions de conservation des œuvres ainsi que les conditions de travails des utilisateurs.

Echantillon d'isolation en textile recyclé sous charpente en béton
Echantillon d’isolation en textile recyclé sous charpente en béton

L’accompagnement au changement : fondamental pour concilier usages, respect du patrimoine et enjeux environnementaux

Dans cet esprit, l’Oppic a également accompagné l’utilisateur dans sa connaissance des possibilités qu’offre le bâtiment.

Ainsi au regard des limites intrinsèques du monument, l’utilisateur (le C2RMF) et le maître d’ouvrage (ministère de la Culture, service des musées de France) ont pris une décision essentielle à la réussite du projet : en cas d’épisode de canicule particulièrement important, si l’inertie du bâtiment n’est pas en mesure de conserver un climat intérieur stable propice à la conservation des œuvres, celles-ci sont déménagées en réserves. Grâce à cette adaptation de l’usage, le contrôle fin du climat intérieur est ainsi limité aux espaces de réserves, évitant ainsi de climatiser des centaines de mètres carrés d’ateliers à l’aide d’équipements surdimensionnés le reste de l’année. De telles installation auraient nécessité des travaux d’ampleur et des coûts de maintenance importants.

Dans une démarche environnementale plus globale, l’Oppic intègre également à ses marchés une clause sociale d’insertion. Ainsi pour cette opération un objectif de 6 935 heures d’insertion a été défini et réparti sur les 7 principaux lots des marchés de travaux. Ce dispositif, désormais systématiquement déployé sur les opérations conduites par l’Oppic, permet chaque année à des personnes éloignées de l’emploi de s’insérer dans le milieu professionnel et d’acquérir des compétences sur des chantiers patrimoniaux.