Le chantier de l’été : le remontage des arcades de l’hôtel de Torpanne

Le chantier de l’été

Remontage des arcades de l’hôtel de Torpanne

Les arcades de l’hôtel de Torpanne

Ce portique sculpté (4,70 m de hauteur et 22,55 m de longueur) est composé de neuf bas-reliefs. Provenant de l’hôtel Du Faur, dit Torpanne, ils ont été réalisés par Jean Goujon et édifiés rue des Bernardins au milieu du XVIe siècle.

Cet ouvrage est remarquable par la qualité de ses sculptures représentant des groupes de prisonniers, d’athlètes ou de Victoires, mais aussi des Renommées et des têtes de lion.

L’hôtel de Torpanne est démoli en 1830. Cet ensemble est installé en 1842 au nord du Palais des études afin d’enrichir la collection de vestiges archéologiques que l’École des Beaux-arts avait hérités du musée des Monuments français d’Alexandre Lenoir. Il avait aussi vocation à constituer une séparation d’avec l’hôtel de Chimay, qui était alors entre des mains privées.

Bien que sauvées, les arcades ont subi de fortes dégradations, issues à la fois d’un sol trop instable, d’une absence de protection et d’une pollution industrielle intense. A la faveur de l’enlèvement du bâtiment modulaire installé à proximité, le ministère de la Culture a décidé de restaurer ce portique.

Le démontage de l’arc

L’une des particularités de l’opération a été de démonter pierre par pierre , après consolidation des parties les plus instables, chaque arcade et chaque décor sculpté afin de les restaurer en atelier. Certains vestiges (corniche de Montmorency, deux colonnes corinthiennes et une baignoire) ont été déplacés et réinstallés dans le jardin Lenoir. Chaque pierre a donc été repérée, inventoriée et ensuite mise en caisse pour être restaurée près d’Avignon, dans les ateliers Jean-Loup Bouvier.

La restauration en atelier

De juin à octobre 2022, l’intégralité de l’arc a été restauré en atelier, sous le contrôle scientifique de la DRAC Île-de-France et de l’Inspection des monuments historiques dans l’objectif d’une restitution d’un rendu renaissance. Chaque élément a été nettoyé et des restaurations maladroites en ciment faites au XIXe siècle et qui fragilisaient la sculpture d’origine ont été retirées. Quelques réintégrations pour les parties les plus abîmées ont été réalisées afin que l’œil puisse retrouver, sinon le détail, du moins les grandes lignes de l’ensemble de ce décor, dû à deux sculpteurs de l’atelier de Jean Goujon, Etienne Carmoy et Martin Le Fort. Ces opérations ont permis de redécouvrir la finesse et l’inventivité de ces artistes, qui jouent avec beaucoup d’allégresse des ornements et des déformations anatomiques.

Les arcades réinstallées au cœur du Palais des Beaux-arts

Au-delà de la restauration, les problèmes techniques à l’origine des pathologies observées, ont été résolus grâce à :
  la stabilisation du sol d’assise, par la création de fondation et l’intégration de tirants précontraints dans l’arc, afin d’éviter toute bascule, ces arcades étant conçues pour supporter un bâtiment et nécessite donc un moisage depuis son sommet.
  la réalisation d’une casquette en débord en pierre, remplaçant celle de béton armé, installée au début de l’année 1900 et ayant provoqué l’éclatement de têtes de lions.

Au cours de l’été 2023, les arcades ont pu alors être remontées : chaque pierre, chaque sculpture a retrouvé sa place.

Photos Thierry Ardouin/ Oppic.