La restauration des couvertures

Le Grand Palais, l’Ecole des Beaux-Arts, les châteaux de Versailles et Fontainebleau, l’Hôtel des Invalides, le Palais Royal

La restauration des couvertures

Le Grand Palais, l’Ecole des Beaux-Arts, les châteaux de Versailles et Fontainebleau, l’Hôtel des Invalides, le Palais Royal

Grand Palais des Champs-Elysées. Palais d’Antin. © Patrick Tourneboeuf - Oppic - Tendance Floue.15 octobre 2004.
Château de Versailles. Toiture aile du midi. © Patrick Tourneboeuf - Oppic - Tendance Floue. 25 octobre 2004.
ENSBA - Ecole nationale supérieure des Beaux Arts. Bâtiment Foch et Petit Chimay. ©Pierre-Franck Colombier - Oppic - Juin 2008. Ardoise.

Le couvreur construit, entretient et répare les toitures. Il réalise tous les travaux de collecte et d’évacuation des eaux pluviales et assure l’étanchéité à proximité des points singuliers. Le couvreur intervient donc directement sur l’œuvre du charpentier. Les matériaux et les techniques de la couverture varient énormément en fonction de l’époque, de la région ou du climat : le couvreur prépare les surfaces à couvrir en fonction des matériaux choisis : petits éléments (ardoises, tuiles…), ou feuilles métalliques (zinc, plomb,cuivre, acier, aluminium…).

Les matériaux de couverture

Quelques exemples de restaurations de couvertures : Grand Palais, Château de Versailles, Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, etc…

ENSBA - Ecole nationale supérieure des Beaux Arts de Paris. Palais des Etudes. ©Pierre-Franck Colombier - Oppic - Octobre 2007. Plomb. À chaud, via l’utilisation d’un chalumeau, le plomb est très malléable et devient façonnable. C’est ce qui permet aux artisans, dès le Moyen Âge, de créer des ornements de plombs qui viennent agrémenter les façades et enrichir le langage architectonique de la toiture. Deux techniques sont alors possibles : Soit l’artisan crée un modèle en sculpture et donc façonne le plomb en 3D. Ou alors, l’artisan le travaille en « bas-reliefs », c’est-à-dire qu’il va créer un support en bois sculpté sur lequel il va venir appliquer de fines plaques de plomb à chaud et leurs faire prendre la forme.
Château de Versailles. Chantier toiture aile du midi. Un parapluie est installé pour protéger la construction et surtout le chantier pendant la durée des travaux. En effet, le parapluie protège contre la pluie et les dommages occasionnés par le vent. Il protège les matériaux de construction et le contenu contre une exposition aux éléments. De plus, il peut contenir les poussières et les débris du chantier lors des travaux. © Patrick Tourneboeuf - Oppic - Tendance Floue. 18 octobre 2004.

Le plomb

Opéra Garnier. Couverture du toit et éléments de la frise. ©Alexandra Lebon - Oppic - 09 août 2017. Plomb.
ENSBA - Batiment Foch et Petit Chimay. Paris, 6e. Juin 2008. Restauration des facades et toitures.

Le plomb est à l’origine employé autant pour la couverture que pour les canalisations. Celui qui le travaille est le plombier, qui ne se distingue pas alors du couvreur. Au Moyen Âge, le plombier recouvre de plomb les charpentes des bâtiments, en clouant de larges feuilles de ce métal sur les lattes de bois (liteaux) qu’il a posées au préalable sur les pièces de charpente.

Facile à manier et à modeler, le plomb permet de façonner des ornements de toits qui sont fondus ou repoussés au marteau : les crêtes, épis ou poinçons inspirés de motifs végétaux, animaux ou de personnages historiques se multiplient sur les toitures, dès le Moyen Âge mais surtout à la Renaissance.

Chateau de Versailles. 25 octobre 2004. Frederic Didier, Architecte en Chef des Monuments Historiques. Chantier toiture aile du midi.

Compte-tenu des effets nocifs pour la santé de l’inhalation de poussière de plomb, les ouvriers qui le manipulent sont tenus de prendre des précautions particulières – port d’EPI et de masques, douches fréquentes…- notamment lors des phases de dépose ou de démolition qui génèrent d’avantage de poussière que les phases de façonnage ou de pose.

Un suivi de la plombémie individuelle est également mis en œuvre pour chaque compagnon intervenant en milieu plombé, pour assurer leur sécurité.

L’ardoise

L’ardoise est très employée à partir du XIIIe siècle, autant pour les maisons particulières de propriétaires aisés que pour les châteaux et les édifices publics. Cette pierre naturelle est extraite dans des carrières dans les Ardennes ou en Anjou. Moins lourde que la tuile, imperméable et résistante sur la durée, l’ardoise est un matériau noble.

La couverture en ardoise est délicate à réaliser. Le couvreur s’assure de la qualité des ardoises en frappant doucement sur chaque pièce. Si une ardoise “sonne” mal, c’est qu’elle présente un défaut : elle est alors mise de côté.

Après avoir sélectionné et rassemblé les ardoises en plusieurs catégories, on procède au rondissage : les ardoises sont découpées selon des formes carrées, d’écailles, d’ogives…

Les ardoises les plus épaisses sont posées en bas de la couverture et les plus fines vers le sommet. Déplacées vers le lieu de pose, elles sont mises en attente sur le liteau (pièce constituant le support de la couverture) ou coincées entre deux voliges. Par ailleurs, les voliges jouent un rôle important, puisque ces pièces de bois rectangulaires fixées sur la charpente servent de support à la couverture d’ardoise Elles sont posées avec des clous ou des crochets.

Quartier Henri IV, Château de Fontainebleau, chantier clos et couvert. ©Gilles Coulon - Oppic - Janvier 2006. Dépose d’une ancienne couverture d’ardoise au clou. La difficulté provient du fait qu’il faut travailler de haut en bas. Pour prévenir tout risque de chute, le compagnon porte un harnais dont le câble est accroché au faîtage.
Hôtel national des Invalides. Toitures. ©Pierre-Yves Landouer. 18 mai 2018.
Palais-Royal, restauration de la façade du Ministère de la Culture, galerie des proues. ©Romain Secco - Oppic - 24 juillet 2014. Pose d’une ardoise en rive d’un châssis de toiture encastré, les clous fixent le « chef » de l’ardoise.
Palais-Royal, restauration de la façade du Ministère de la Culture, galerie des proues. ©Romain Secco - Oppic - 24 juillet 2014. Découpe d’une ardoise d’encadrement d’un châssis de toiture encastré. Cette découpe en L n’est pas traditionnelle mais permet de limiter l’impact visuel du châssis. L’étanchéité est surtout obtenue par des ouvrages en plomb cachés par les ardoises.

Le zinc

Le zinc, c’est « le » matériau des toitures parisiennes. C’est à sa patine gris argent que le paysage parisien doit en partie son identité, et son aspect si reconnaissable depuis les grands travaux haussmanniens. Son emploi a été généralisé pour la couverture des toitures à partir de la moitié du XIXe siècle. Beaucoup plus léger que le plomb, les tuiles ou l’ardoise, imputrescible et imperméable, ce métal répondait en outre aux préoccupations hygiénistes de l’époque.

La technique parisienne de la pose du zinc majoritairement employée s’appelle la couverture à tasseaux. Inventée au XIX siècle, elle consiste à relier les feuilles par interposition d’un tasseau de bois fixé sur le voligeage.