La nuit Européenne des musées 2021

L’Oppic s’associe à la nuit Européenne des musées

Samedi 03 juillet 2021

La rénovation du Musée de Cluny, du Musée national de la Marine, du Musée du Jeu de Paume, du Musée Rodin ou du Musée de l’Homme, la construction du MUCEM à Marseille, la création de nouveaux lieux comme le Palais de Tokyo, la modernisation du Musée de l’Orangerie, …. depuis plus de 20 ans l’OPPIC accompagne à chaque étape, de la conception au projet abouti, les responsables scientifiques et culturels dans le mouvement de mutation dans lequel ils ont engagé leurs institutions.

Tous les projets suivent les mêmes étapes : de la définition préalable des objectifs scientifiques et culturels, analyses des potentialités des lieux existants, itérations entre le programme architectural et la capacité de financement... Mais chaque projet reste unique et se construit en réponse à des objectifs distincts, avec des acteurs aux sensibilités multiples, et dans des lieux et sites plus ou moins contraignants.

Et un musée c’est à la fois une enveloppe et des collections ! Les enjeux bâtimentaires et les enjeux de présentation des collections s’entremêlent et la question de gestion des flux se pose.

A l’occasion de cette nuit au musée, l’OPPIC vous invite à pénétrer dans les coulisses des musées en chantier, d’hier et aujourd’hui !

  • Deux musées qui repensent leur muséographie, le Musée national de la Marine et le Musée de la BnF
  • Un musée qui se rénove : le Musée du Jeu de Paume
  • Et un retour sur les magnifiques projets désormais livrés pour comprendre les partis pris architecturaux et revivre les grandes étapes des derniers grands chantiers de l’OPPIC à travers des films.

La muséographie ou le « cœur » des musées

Musée national de la Marine et Musée de la Bibliothèque nationale de France

Enjeu principal d’un musée : comment présenter ses collections ?

C’est l’une des questions majeures qui se pose et qui constitue l’un des cœurs de missions de l’OPPIC.
Le processus reste le même : accompagner les conservateurs dans leurs réflexions, choisir le maître d’œuvre, conduire le chantier.

Deux projets importants en cours de chantier actuellement peuvent éclairer cette problématique.

Muséographie du Musée national de la Marine

Retour d’expériences croisées entre Valérie Brisard, chef de projet étude et développement spécialisée en muséographie à l’OPPIC et Vincent Bouat-Ferlier, Conservateur en chef du patrimoine, Directeur scientifique, Chef du projet muséographique du musée national de la Marine.
Avril 2021.

Comment s’organise le travail entre le musée et l’OPPIC pour la rénovation et la refonte du parcours du musée national de la Marine ?

VBF : Nous avons beaucoup de chance de travailler avec l’OPPIC sur la rénovation. Si les contenus scientifiques, notamment tout le discours autour des collections, et la connaissance des publics, reste une expertise du musée, la connaissance et l’expérience des grands projets que nous apporte l’équipe de l’OPPIC est extrêmement précieuse pour nous. Rappelons que la MOA est réputée « non sachante » !
Aussi, sur beaucoup de points techniques, mais également sur la question complexe des procédures administratives pour un projet d’une telle ampleur, de même que sur la gestion sensible des plannings, nos collègues de la maîtrise d’ouvrage déléguée nous apportent une aide essentielle.

VB : si l’OPPIC bénéficie d’une expérience et de compétences en matière de projets complexes et en particulier de projets muséaux et scénographiques d’ampleur, l’implication et l’expertise spécifique du musée et de son équipe, sur les collections, le discours scientifique et sa médiation, sont irremplaçables.
Nous avons mis au point avec Vincent une méthode de travail fondée sur un dialogue constant et une confiance mutuelle très appréciable. La réactivité de Vincent et de son équipe est également pour nous un atout indéniable.

Quelles sont les grandes étapes que vous avez menées ensemble ?

VBF  : Depuis les prémices de la conception du projet, la décision de sa mise en œuvre et le lancement des phases études (et travaux pour l’architecture), près de 10 ans ont passé… Depuis 2017, pour le volet scénographique du projet, c’est tout le programme muséographique qui a été rédigé.
Le concours pour le choix du scénographe a ensuite été lancé fin 2018, et en un an, de fin 2019 à fin 2020, les phases Esquisse à PRO ont été validées, malgré les conditions très difficiles liées à la situation sanitaire.
En regardant dans le rétroviseur, c’est déjà un chemin considérable parcouru. Bien sûr la route est encore longue, mais on voit se profiler la ligne d’arrivée…
Et les étapes passées, avec les épreuves surmontées, sont gratifiantes et ont montré qu’avec un objectif commun, les équipes tant de l’OPPIC que du musée ont fait des merveilles d’adaptation.

VB : Ce projet est une aventure passionnante, menée tambour battant depuis son lancement. Si elle est émaillée de défis à relever ensemble, elle nous procure également de grands moments de joie et de satisfaction partagées.
Nous avons vécu par exemple un moment très intense lors du concours de scénographie et nous nous apprêtons à en vivre un autre prochainement, avec le démarrage du chantier avec de nouveaux acteurs qui vont entrer en scène : les entreprises. Une nouvelle étape en perspective !

Qu’avez-vous appris de l’autre pendant cette période ?

VBF : j’ai beaucoup appris dans des domaines qui n’étaient pas les miens à l’origine et s’éloignaient sensiblement des problématiques liées à la conservation et à la présentation du patrimoine. Le travail avec les maîtres d’œuvres, et tout ce que cela engage en termes de connaissances techniques, et notamment des liens très forts avec l’architecture, sont extrêmement enrichissants.
Et puis, un projet c’est aussi beaucoup de diplomatie et de négociations ! Là-dessus, je pense avoir beaucoup appris au contact de Valérie et de toute l’équipe de l’OPPIC. Le fait que Valérie ait suivi plusieurs chantiers de grande ampleur récemment permet d’attirer notre vigilance sur les questions de matériaux utilisés, de planning, d’installation des collections, de co-activité entre entreprises, de coûts et de délais… Bref, une expertise irremplaçable !

VB : je ne saurai que retourner le compliment à Vincent comme à son équipe qui nous sont vraiment essentiels, grâce en particulier à leur expertise scientifique, leur connaissance des collections et des enjeux de médiation.
Maillon essentiel dans la mise en œuvre du projet, Vincent m’a beaucoup appris, notamment dans sa gestion d’équipe et du dialogue, toujours dans la bonne humeur, son approche rigoureuse mais également pragmatique des sujets, sa capacité à créer un consensus et à obtenir des arbitrages en temps voulu.
Il n’est en effet pas toujours simple de concilier dans un projet, les attentes de chacun, les impératifs de conservation et de présentation, les contraintes techniques, de gestion du temps et du budget, tout en faisant en sorte que tous s’y retrouvent !

Quelles sont pour vous les clés de la réussite d’un projet de rénovation scénographique ?

VBF : D’abord l’envie ! Il n’y a pas de projet sans équipe motivée, et consciente de la chance de pouvoir bénéficier d’un chantier de rénovation d’ampleur.
Ensuite, le dialogue : chacun se fait une idée « rêvée » de son futur musée. Il faut donc prendre en compte les désirs des uns et des autres, mais également les accorder entre eux, et faire en sorte qu’ils concordent avec la réalité des coûts et des délais…
Enfin, je dirais que le sens de l’humour reste très important. Avec la dose importante de travail qu’une rénovation implique, il est essentiel de pouvoir garder une ambiance de travail agréable.

VB  : Vincent a tout dit ! L’aspect humain est effectivement éminemment important dans la réussite d’un projet. Outre l’envie, il faut du bonheur dans tout projet !
Enfin, nous pourrions rappeler que la réussite d’un projet scénographique réside également – sous un angle plus pratico-pratique – dans un programme scientifique et muséographique de qualité, une commande claire passée au scénographe, une réponse pertinente de ce dernier, des entreprises de qualité, et bien sûr un budget et des délais adaptés !

Muséographie du musée BnF, site Richelieu

Piero Guicciardini, architecte, guicciardini&magni architetti.
Maîtrise d’oeuvre de la muséographie et de l’aménagement scénographique des espaces d’exposition permanente.
Avril 2021.

Comment définiriez-vous le « rôle » de scénographe/muséographe dans la conception d’un musée ?

Le muséographe joue un rôle fondamental dans la réussite d’un musée, je compare toujours avec le monde du théâtre, où le metteur en scène doit décider comment faire bouger les acteurs et dans quel cadre. Le muséographe est un peu comme le metteur en scène, qui doit coordonner la "mise en scène" des œuvres d’art, et donc décider comment placer les objets, comment les éclairer et dans quelle relation les mettre entre eux.

Évidemment, il n’y a pas seulement cet aspect artistique de notre travail. Il faut tenir compte de l’aspect fondamental de la conservation et de la sécurité des objets exposés et donc étudier la manière de rendre l’objet visible et appréciable et en même temps garantir les justes paramètres de conservation.

Il est enfin fondamental, pour un muséographe, d’avoir une relation très étroite et collaborative avec les conservateurs du Musée, qui doivent choisir les oeuvres d’art et dicter les rapports entre elles. Sans une forte entente entre muséographe et conservateur, il ne peut y avoir de bon travail.

Quelles sont les différentes étapes de la conception à la réalisation d’une scénographie/muséographie ?

La première approche fondamentale est la connaissance approfondie des œuvres à exposer. La première étape lors de la conception d’un musée est précisément l’étude de chaque objet, comprendre sa valeur artistique mais aussi les exigences de conservation qu’il faut atteindre pour garantir une parfaite condition de sécurité.

Ensuite, il faut comprendre, en accord avec les curateurs du musée, quelles sont les œuvres « phare », celles qui doivent se détacher, pour leur importance et leur valeur artistique, sur le corpus de la collection. Une fois que vous comprenez la structure et la hiérarchie de l’exposition, vous pouvez procéder à la création de la scénographie où insérer les œuvres.

Le style de l’aménagement est étroitement lié au type des œuvres exposées, dans certains cas l’aménagement doit être presque invisible et être un support discret, un accompagnement en arrière-plan. Dans d’autres cas, il doit au contraire aider l’exposition et donc être beaucoup plus présent.

Le but final est de faire percevoir au visiteur les œuvres de la meilleure façon possible et peut-être faire comprendre des choses et des liens pour la compréhension des objets.

Comment concilier contraintes techniques de conservation, valorisation des collections et qualité architecturale du projet ?

C’est le thème principal de notre travail, créer des espaces beaux et agréables pour le visiteur, qui donnent des émotions à ceux qui les parcourent, mais dans le même temps, il faut garantir toutes les exigences de conservation qu’il est indispensable d’atteindre pour un bon maintien de l’œuvre d’art.

Ainsi, la quantité d’éclairage, le degré de température et d’humidité de l’air, la stabilité et la sécurité statique de l’objet et enfin la sécurité contre les vols et les dommages accidentels. Tous ces aspects sont très délicats et il est difficile de les atteindre sans que la perception de l’œuvre d’art soit perturbée. Il est évident que de nombreux compromis sont nécessaires pour atteindre l’objectif fixé, et la difficulté de notre travail est précisément d’équilibrer tous ces aspects de manière à obtenir un résultat appréciable.

Récemment, des avancées technologiques nous ont aidés à améliorer les résultats : je pense aux lumières LED, qui, avec leurs dimensions réduites, nous permettent d’avoir des corps éclairants presque invisibles et avec d’excellents rendements de lumière. Je pense aussi aux verres de dernière génération qui nous garantissent sécurité mais en même temps haute transparence et moins d’effets de réflexion.

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Une scénographie doit-elle s’inscrire dans le temps ?

Bien sûr, une scénographie est en fait une architecture d’intérieur, c’est la création d’un environnement où les gens doivent se sentir à l’aise, la seule différence est qu’il y a aussi une autre catégorie d’utilisateurs de l’espace : les œuvres d’art.

Nous devons garantir aux œuvres comme aux personnes un espace muséal, « où il fait bon vivre ». Par ailleurs, la scénographie doit refléter le temps où elle a été conçue ; cela ne veut pas dire que dans des occasions particulières on ne peut pas se référer à des styles et des situations du passé, mais ce sont des cas rares et très circonstanciés, peut être utile pour contextualiser certains types d’objets.

Je crois cependant que l’on doit chercher à poursuivre un langage contemporain. L’objectif est toujours le même et vaut pour toute intervention d’architecture : il s’agit de créer des espaces beaux, intéressants, et qui puissent susciter des émotions chez ceux qui les habitent ou tout simplement les parcourent.

Un musée qui se rénove

Le musée du Jeu de Paume

Les enjeux, les besoins, les réglementations évoluent et le bâtiment doit s’adapter !
Tel est le cas du musée du Jeu de Paume, qui, afin de répondre aux nouvelles exigences d’exploitation et de rendre ses combles et sa régie conformes à la réglementation de sécurité incendie et du code du travail, a engagé en 2020 des travaux de réaménagement partiel.

Ainsi une partie des combles est aménagée en bureaux, le reste en locaux techniques hébergeant des équipements du musée. Quant à la régie des œuvres en sous-sol, tout en tenant compte des besoins et contraintes fonctionnelles, techniques et réglementaires a été repensée.

Malgré la crise sanitaire liée à la Covid-19, les travaux de mise en sécurité et de réaménagement se sont déroulés tout au long de cette période. Le respect des protocoles sanitaires sur le chantier a été intégré par tous les acteurs et la mobilisation de tous aura permis une réouverture début juin 2021.

Des projets livrés

Musée Rodin, musée d’Orsay, musée de l’Homme, musée de l’Orangerie, musée d’Ennery

Ils ont été livrés !

Pour revivre à travers ces différents films : la rénovation du musée de l’Homme, du musée Rodin, ou encore celui du musée de l’Orangerie, …. et en comprendre les enjeux, les partis pris architecturaux, et les grandes étapes du chantier, à travers les interviews des acteurs de ces projets.

Musée Rodin rénovation de l’hôtel Biron 2012 2015 - nov 2015 on Vimeo
Musée d'Ennery mars 2012 on Vimeo
Musée de l'orangerie 2006
Musée d'Orsay Pavillon amont, 2011. on Vimeo
Le nouveau musée de l'Homme, 2015 on Vimeo